Callac-de-Bretagne

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Le mitraillage du train Guingamp-Carhaix par l’aviation britannique le 7 juin 1944

Émouvante cérémonie[1], samedi dernier, au lieu-dit Kerdaguet, à Duault. Une centaine de personnes, parmi lesquelles Simone Morice, 6 ans à l'époque des faits, âgée de 70 ans aujourd'hui, évoquaient le bombardement du train de Kerdaguet.

carte

Le village de Kerdaguet en Duault, situé à proximité de la ligne SNCF. Le passage à niveau
non gardé se trouve sur le chemin vicinal reliant le bourg de Duault à la vallée de l'Hyère.
"Carte IGN-0717-Ouest- 1:25000."



Cet épisode peu connu du grand public concerne le bombardement et le mitraillage du train Guingamp-Carhaix par l'aviation anglaise, le 7juin 1944, le lendemain du D-Day.[2]

Ce mardi-là, vers 16h, le train n°16 Guingamp-Carhaix aborde le passage à niveau non gardé du village de Kerdaguet, à Duault, lorsqu'il se fait bombarder par l'aviation anglaise : les bombardiers[3] « B24 Consolidated Liberator » larguent des bombes pour stopper le train puis arrosent le convoi et ses passagers.


Quatre morts.
 

Il y eut quatre morts et sept blessés. «Les avions faisaient un bruit terrible, je me suis couché dans l'herbe tellement j'avais peur», raconte Job Hamon, témoin de la scène et alors âgé de 16 ans.

Parmi les quatre personnes décédées, deux ont été tuées sur le coup: Gabrielle le Joncour[4], âgée de 21 ans, infirmière, fille de Pierre Le J(Y)oncour, forgeron à Callac. Elle se rendait au maquis de Spézet dont elle faisait partie.

La seconde victime est Émile Le Fur|5], âgé de 14 ans, de Trébrivan ; puis Louis Marie Le Clec'h[6], séminariste de Trébrivan, fut retrouvé, au milieu de la prairie, l'abdomen ouvert, ainsi que Philomène Bozec (épouse Corbel), également de Trébrivan.

Elle se rendait, avec sa fille, à Kerguilly. Cette dernière, Simone, aujourd'hui mariée à Jean Morice, eut la vie sauve grâce à l'intervention d'un passager qui la cacha sous un siège. «Je me souviens de voir Mme Bozec allongée chez mes parents qui lui prodiguèrent les premiers soins. Je me souviens aussi qu'on interdisait à la petite Simone d'aller voir sa maman», souligne Thérèse Quéméner, âgée de 6 ans à l'époque et habitante du village de Kerdaguet.

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Simone Morice, devant la stèle érigée à la mémoire des victimes du 7 juin 1944.
  1. Mme Philomène CORBEL, née LE BOZEC
  2. Melle Gabrielle LE YONCOURT
  3. Mr. Louis LE CLECH
  4. Mr Émile LE FUR


Notes de la rédaction.
[1] Le Télégramme du 3 juillet 2008.
[2] D-Day- Débarquement des Alliés sur les plages de Normandie-Opération OVERLORD.
[3] Bombardier B24-Liberator-bombardier quadrimoteurs lourds-Consolidated Aircraft Corporation. Il  est vraisemblable que ces avions appartenaient à la mission de surveillance des sous-marins U-BOOTE allemands qui  devaient  se porter  contre les forces alliées d'invasion. 350 avions  patrouillaient ces jours-là le long du littoral. Sources "La Bretagne dans la bataille de l'Atlantique" de Roger UGUEN. Coop. Breizh. Mais, on ne s'explique toujours pas sur cette attaque d'un petit train, qui ce jour-là serpentait dans la verte campagne bretonne.
[4] LE JONCOURT(YONCOURT), Gabrielle, 21 ans, née à Callac, fille de  Pierre Louis, charon, et de Caroline LAGADEC, agent de liaison entre le maquis de Callac et celui de Saint Goazec-Spézet Bataillon "Stalingrad". Curieusement, elle ne fut nullement citée dans aucune  des archives de la Résistance dans la région.  Pour recevoir ce titre " Mort pour la France", il fallut 64 ans!
[5] LE FUR, Émile, 14 ans, fils de Yves Marie et de Françoise COËNT, né au Moutoir. Il fut enterré à Trébrivan le  7 juin 1944
[6] LE CLECH, Louis Marie, àgé de 20 ans, fils de Claude et de Marie Françoise GESTIN. Né à Trébrivan en 1924, il fut enterré à Duault le 7 juin 1944.





Joseph Lohou (déc. 2016)