Callac-de-Bretagne

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Saint Servais : Le Diable dans
l'église tréviale de Burthulet.

L’enclos de l'église tréviale de Burthulet est bien connu de la population locale et des touristes de par sa situation géographique et son architecture atypique en particulier son porche ouest. Depuis 1991, lors de la publication du roman « ethno-sociétal » : Le diable est mort à Burthulet, qui lui valut le prix littéraire des écrivains bretons en 1992, le docteur Edmond Rébillé nous appris que le diable était mort de froid à cet endroit. En fait, il nous décrit la lente agonie de ce Centre Bretagne qui n'arrête pas de mourir sous le visage d'un personnage qu'il dénomme Hervé Sanquer.
Mais qui l'avait vu symboliquement représenté, ce diable ?

Le14-15 juin 2014, de nombreuses personnes s'étaient données rendez-vous autour et dans la chapelle, pour deux journées festives * : le samedi pour confier des secrets ou confidences à Sophie Calle qui les a enterrés dans l'enclos ou le dimanche, honorer la sainte Trinité. Ces journées-là, j'ai contribué à faire découvrir l'histoire et la légende de ce site et, en particulier, cette représentation du diable  dans les sablières de l'église tréviale (car Burthulet était une trêve de la paroisse de Duault sous l'ancien régime).

Cette église tréviale date de 1518 pour les parties les plus anciennes, dont, ce qu'il en reste, des sablières, là où se
« niche » notre fameux diable (ne dit-on pas qu'il se niche dans les détails !!!). En effet, il est aux premières loges,
à gauche, ou si vous préférez au nord, il est vrai, du prêtre disant sa messe autrefois ; mais aujourd'hui à sa droite, depuis Vatican II (1966) puisqu'il officie devant l'assemblée des fidèles. Il est représenté la plupart de temps au nord, car ce point cardinal, symbolise l'enfer ou les ténèbres, là où il fait plus froid et absence de lumière. Donc la
tête du diable est bien chez elle.

Mais, c'est quoi le diable ?

Sablière de la chapelle de Burthulet où se niche le "diable".

Voici la définition retenue par le dictionnaire culturel du christianisme : « du grec diabolos = le calomniateur, le diviseur. Dans le Nouveau Testament, c'est l'Adversaire, le Tentateur (Luc 4,2) ou le chef des anges qui se sont détournés de Dieu et lui restent éternellement hostiles (Mathieu 25,41). Il exerce sur la création une action malfaisante ». En un mot, il est le symbole du méchant. À l'origine du mal, esprit du mal dans le monde, il est représenté sous un aspect qui varie entre l'homme et l'animal réel ou imaginaire (ours, bouc, dragon, rapace, etc.), le plus souvent aux
traits hideux et repoussants. Il n'est jamais à court mais il est toujours le tentateur et le bourreau. Tout le rôle du diable est de déposséder l'homme de la grâce de Dieu pour le soumettre à sa propre domination.

Sa représentation est extravagante, sous forme du visage d'un humain, dans cette église tréviale, sur une sablière, au nord-est, dans l'abside.
Evidemment montrer une tête de personne sur une sablière, le sculpteur est obligé de la représenter sur une pièce de bois plus longue que haute, en fait, elle est très étirée.
Il est affublé de grandes oreilles, afin de mieux entendre les bonnes paroles prêchées par le prêtre. Cette parole qu'il se chargera de colporter et évidemment de dévoyer de son sens afm de les corrompre et faire succomber celui qui les entendra.

Ses grands yeux, ouverts, normalement pour mieux voir, sont atteints de strabisme convergent anormalement exagé¬ré ! L'œil gauche regarde le prêtre tandis que l'œil droit regarde la maitresse vitre. En l'occurrence, nous sommes dans le cas d'un strabisme divergent «isolé ».
Son nez, épaté, pour ne perdre aucune bonne odeur. a été malmené par les siècles et saturé par les vrillettes qui ont fait leur œuvre de destruction.
Une grande et large bouche laisse voir une rangée d’incisives acérées : Une telle bouche afin de mieux dévorer la
bonne nourriture terrestre et  elle nous semble exprimer un sentiment de satisfecit de la part du diable.
Le diable ou l’Esprit du mal comme l’Ankou, on leur prête des traits humains, comme ici à Burthulet.

J.P. Rolland

"Mouez An Argoat"- Bulletin Paroissial Mensuel n° 8 et 9 du 28 juillet 2014.