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CAZOULAT Eugène, François, Marie
Né Le 7 janvier 1918 à
Callac-de-Bretagne (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor), fusillé le 6 mai
1944 à Ploufragan (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor) ; boulanger puis
agent d'assurance ; FTP ; membre du Parti communiste clandestin.
Son père Guillaume Marie
Cazoulat, né le 13 juillet 1884, 2e classe au 154e régiment
d'infanterie fut tué le 5 septembre 1917 au Petit Monthairons (Meuse).
Il était marié à Catherine Kermen, débitante. Eugène Cazoulat qui ne
connut pas son père exerçait le métier de boulanger. Il épousa le 8
septembre 1941 Lucienne, Marie, Albertine Feutren, bonnetière à
Callac-de-Bretagne. Le couple, demeurant rue Clémeur, eut deux enfants.
Le cadet Bernard Cazoulat naquit après la mort de son père.
Callac-de-Bretagne fut une
des localités du département où la résistance fut la plus précoce. En
effet dès le printemps 1941, les autorités eurent à faire face à une
activité communiste sensible. Une dizaine de Callacois furent
d'ailleurs emprisonnés à Châteaubriant (Loire-Inférieure,
Loire-Atlantique). Beaucoup de jeunes choisirent de se cacher dans les
fermes du secteur pour échapper au STO, certains rejoignant dès l'été
1943 les premières structures organisées de la Résistance. Le 18 mars
1944 une voiture de la sûreté avec quatre inspecteurs fut mitraillée
par des résistants. Le 22 mars Joseph Guillerm fut libéré alors qu'il
était transféré par des gendarmes. Enfin dans la nuit du 25 au 26 mars
la gendarmerie de Callac-de-Bretagne fut attaquée. Dans un rapport daté
du 1 er avril 1944, les autorités indiquèrent que "l'activité
terroriste a repris avec un peu plus de vigueur et semble désormais
être le fait de bandes parfaitement organisées et puissamment armées et
décidées à mettre en coupe réglée le sud-ouest du département. Une
opération de grande envergure est donc nécessaire avec au minimum 500
hommes".
Les autorités d'occupation
décidèrent de mettre un terme à cette situation. Une rafle fut
organisée le 9 avril 1944 à Callac-de-Bretagne par le capitaine
Maschke, chef des services de l'Abwehr à Saint-Brieuc et par Rudolph
Kiekaffer du SD. Ils dirigèrent les 800 soldats qui furent impliqués
dans les opérations avec la participation de la gendarmerie française,
de la milice et de groupes autonomistes bretons. La population fut
rassemblée aux halles de Callac-de-Bretagne. 120 personnes en situation
irrégulière furent transférées à Saint-Brieuc. Une cinquantaine d'entre
elles furent maintenues en détention à la maison d'arrêt, par contre
une dizaine fut déportée. Ce fut l'opération de répression contre la
population et contre la Résistance la plus importante réalisée dans le
département par les troupes d'occupation. Membre du parti communiste
clandestin, Eugène Cazoulat fut identifié avec trois autres FTP comme
ayant une responsabilité dans les attaques du mois de mars. Après avoir
été sauvagement torturé, avec onze autres FTP tous originaires de
l'ouest du département, le 5 mai 1944 il fut condamné à la peine de
mort par la Cour martiale du tribunal de la Feldkommandantur 665 à
Saint-Brieuc "comme franc- tireur".
Durant la nuit qui précéda
leur exécution, les douze FTP, incarcérés à la maison d'arrêt de
Saint-Brieuc, chantèrent La Marseillaise et L'Internationale et
d'autres chants repris par d'autres patriotes également détenus. Durant
leur transfert sur le lieu d'exécution des témoins les entendirent
chanter de nouveau. Les autorités allemandes exécutèrent Eugène
Cazoulat avec ses onze camarades Marcel Bitaille, Auguste Dugay, Émile
Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le Bozec, Charles Le Gallou, Roger
Madigou, Pierre Menguy, Jean Pleiber, François Prigent et Roger
Quintric le 6 mai 1944 au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, par
groupes de quatre entre 7h10 et 7h31. Dans l'après-midi vers 17h un
groupe de sept FTP arrêtés à Plouaret furent fusillés au même endroit.
Les dix-neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil. Le décès
d'Eugène Cazoulat fut constaté par un médecin allemand à 7h21, il avait
26 ans.
Ces exécutions répondaient
à une directive du maréchal Erwin Rommel qui, de passage à Quintin
(Côtes- du-Nord ; Côtes d'Armor), au mois d'avril 1944, avait ordonné,
devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que
soient appliquées les mêmes méthodes qu'en Russie. Le fait qu'elles
furent annoncées par la presse régionale de Vichy mit en évidence
l'impact sur la population que les autorités d'occupation escomptaient
donné à l'événement. Quelques jours après l'exécution, le 12 mai 1944,
une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec
cette inscription "Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches". Une
oriflamme fut aussi accrochée au monument.
Constatant que la
population venait déposer des fleurs à l'endroit de la fusillade, les
autorités allemandes, craignant sans doute d'autres manifestations de
sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge,
puis les pompes funèbres
de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les
transportèrent à l'abri de tout regard dans la forêt de
L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor).
Après la Libération, à la
demande de Jean-Marie Madigou, le père d'un des suppliciés du 6 mai
1944, Armand Tilly et Louis Laies FTP, tous les trois originaires de
Louargat (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor), entreprirent des recherches
pour retrouver les corps. Le 18 août, après une enquête assez longue,
aidés par un cultivateur de Plœuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord ; Côtes
d'Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du
bourg de L'Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor), des
monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf "sépultures". Passant
outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes
décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat
furent transportés dans leurs communes d'origine. Le CDL, prévenu de la
présence des onze autres corps, dont celui d'Eugène Cazoulat, fit le
nécessaire pour les rapatrier dans les localités respectives.
Le 18 juin 1945, lors
d'une cérémonie patriotique rassemblant plusieurs centaines de
personnes, Mme Catherine Burlot, née Kermen et sœur d'Yves Kermen,
fusillé au Mont Valérien en Suresnes (Seine ; Hauts-de-Seine), épouse
en secondes noces du maire de Callac-de-Bretagne, Trémeur Burlot, nommé
par le comité local de libération en août 1944, et mère d'Eugène
Cazoulat, prit violemment à partie M. Louis Toupin, maire révoqué puis
réélu en mai 1945, par rapport aux événements d'avril 1944,. Devant La
gravité des accusations, celui-ci déposa une plainte contre Mme Burlot.
Le nom d'Eugène Cazoulat
figure sur le monument des fusillés au camp de manœuvre des Croix,
aujourd'hui proche du zoopole de Ploufragan, sur le monument des
Martyrs à L'Hermitage-Lorge, sur Le monument de la Déportation et de la
Résistance au lieu-dit La Pie en Paule (Côtes d'Armor) et sur la plaque
de la rafle du 9 avril 1944 dans la salle des fêtes de
Callac-de-Bretagne.
Eugène Cazoulat fut inhumé au cimetière de Callac-de-Bretagne.
Sources.
Les Cahiers de la Résistance Populaire-Cahier N° 12 de mai 2011.Pages 38 et 39.