Callac-de-Bretagne

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                 Les  sept nouveaux saints ont pris leur quartier.

Intense animation, hier, à Carnoët, avec ce ballet des grues installant sept nouvelles statues (*) dans la Vallée des Saints. Ce qui renforce la dimension culturelle et touristique de ce site unique.

Commencée hier, l'installation des statues se poursuit encore aujourd'hui. 

   


 
Qu'on ait la foi ou pas, que l'on soit croyant ou non, difficile quand on découvre la Vallée des Saints, à Carnoét, de ne pas être touché par la magie, la grâce et le souffle puissant des lieux. Impossible de rester de marbre face à ces géants de granit qui semblent défier l'éternité, dominant un paysage de rêve buttant sur les hauteurs des monts d'Arrée.

De plus en plus fréquentée La Vallée des Saints deviendra-t-elle le Stonehenge breton ? Réponse dans... plusieurs siècles. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que le site costarmoricain est en train de devenir un lieu de promenades et de visites très fréquenté. Au point que des problèmes de stationnement commencent à se poser le weekend et pendant les vacances. « J'ai senti un déclic cette année », confie Philippe Abjean, l'initiateur de ce projet : « Ça monte en puissance. Le bouche à oreille fonctionne, les gens s'approprient le site, les autocaristes en font une étape et de plus en plus de scolaires y viennent en visite... Et ce n'est qu'une étape : dans deux ans, il y aura deux fois plus de statues. Nous en serons à une cinquantaine... ».

« Comme au Moyen Âge » Et pourtant, ce projet, qualifié de « fou », était condamné à l'échec selon les conclusions du rapport d'un bureau d'études consulté il y a dix ans, souligne Philippe Abjean : « On disait que ça ne pouvait pas marcher car notre projet ne comportait pas de technologies nouvelles et s'appuyait sur ces racines chrétiennes, censées n'intéresser personne. Or, ça marche car nous sommes à contre-courant de tout ».

Gratuité, mécénat, inscription dans l'éternité... autant de valeurs qui dénotent dans une société consumériste, matérialiste, privilégiant l'éphémère et le clinquant : « En fait, nous fonctionnons comme au Moyen Âge au temps de la construction des cathédrales, sans plan de gestion. Quand on a de l'argent, on commande des statues, c'est tout... ».
« Rien en retour »

Cette démarche a particulièrement séduit Frédéric Moal. Le directeur de Damrec - filiale du groupe Imerys, qui exploite la plus importante mine d'andalousie au monde, à Glomel  a investi 12.000 € dans la statue de saint Conogan : « Ce n'est pas un coup de pub. Nous n'avons rien à vendre au grand public. Nous extrayons un minerai riche en alumine, destiné à fabriquer des briques et bétons réfractaires pour les hauts fourneaux. Nous n'attendons aucun retour de ce mécénat. Mais j'apprécie ce projet qui s'inscrit dans la durée, tout comme notre présence à Glomel (depuis 42 ans). Il était normal, à cet égard, que l'on offre à la Vallée des Saints, une statue au nom de tous les Glomellois, en scellant, dans le granit et pour l'éternité, notre amitié...


C'est aussi une façon de participer à un projet important pour le développement du Centre-Bretagne ».
Projet qui, de fait, pour l'instant, a le mérite de faire travailler des sculpteurs et les carrières de granit bretonnes, soumises à une forte concurrence étrangère. À noter que l'installation des statues se poursuit aujourd'hui.

Hervé Queillé( Le Télégramme du samedi 29 septembre 2012.

Notes

* Saints Trémeur, Milliau, Conogan, Efflam, Derrien et saintes Brigitte et Koupaïa.