Callac-de-Bretagne

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                    Le cadastre de 1833

Historique.

La diversité des méthodes et des mots employés à des époques reculées pour désigner le « cadastre » démontre la volonté permanente de mesurer l’évolution du sol, son imposition, et d’en enregistrer le plus méthodiquement possible les transformations. Qu’il s’agisse de la centuriation romaine, des cartulaires du Moyen Âge, des compoix de l’Ancien Régime, des plans et matrices manuscrits du XIXe siècle ou de ceux, contemporains et numérisés, l’observation des revenus des sols est une préoccupation constante. Sous sa forme moderne, le cadastre français est mis en chantier après 1790 sans résultats satisfaisants, c’est pourquoi il est relancé au Premier Empire (en 1811) peu après une loi du 16 septembre 1807 qui préconise l’établissement d’un plan général d’alignement dans chaque ville ou bourgade de 2 000 habitants, un plan dont les objectifs sont très différents de ceux du cadastre mais qui s’appuie sur ses données puisqu’il doit prévoir les transformations de la ville et notamment celles de ses rues, donc des maisons qui les bordent. Pour sa part le cadastre est recommencé à partir de 1807 tandis que son expertise s’achève en 18324. Ces deux opérations importantes pour l’urbanisme callacois  s’inscrivent dans une période commune qui court des premières années du Premier Empire à la fin de la Restauration.

 

 



Cadastre de la ville de Callac en 1833(Archives départementales des Côtes d'Armor)

 

 

Description détaillée.

 

Partant de la place centrale ou place du Martray ou "Placen Braz" en breton, avec bien en évidence la halle appelée aussi « cohue »[1], nous trouvons, attenante la chapelle Sainte Catherine, chapelle qui tenait de lieu de culte aux callacois et dont la construction est bien antérieure à la halle. La place était bordée d’habitations et desservie par trois issues, celle du nord par la rue du Tréguer ou Tréguier, puis la rue du Four, appelée ainsi parce qu’elle donnait sous l’Ancien Régime au four banal[2], enfin la rue Jobic qui conduisait vers le quartier du Costang et la route de Guingamp. Vers l’ouest, deux petites venelles menaient vers la rue du Cleumeur, l'une face à la Halle deviendra plus tard la rue de l'Église, l'autre légèrement plus bas existait encore dans les années 1920-1930. 
Enfin au sud, la rue des Portes, ainsi appelée en raison de l’existence de deux portes incluses dans les anciennes fortification du château, conduisait vers la ville de Carhaix. Cette rue croisait dans le carrefour actuel, vers l'ouest, la rue de la Fontaine qui menait à la  fontaine de Callac, appelée Guer Hallou
[3], nom qui fut, bien plus tard, donné à l'actuel collège de la ville. Vers l'est,  la rue du Château, menait vers le moulin de Callac sur l'Hyère, puis vers la ville de Guingamp. Il y avait également une rue appelée "rue des Tripiers" mais le cadastre est muet sur cette rue.
Tous les mercredi de l'année et ceci jusqu'en 1920, la place recevait les marchés ; le marché aux génisses, "plazen ar annouar" en breton, dans la parti nord du côté de l'hôtel Montfort, le marché aux porcs, "plazen ar moc'h" dans la partie sud-ouest, les chevaux, "ar chezec'h", dans la partie est. Mais les vaches, ar saout", prenaient place en haut de la rue des Portes et les moutons, ar denved", en haut de la rue du Cleuzmeur. Mais au cours des années, il y eut quelques changements comme cela se remarque sur les cartes postales des années 1900.

Le marché aux boeufs Le marché aux porcs


La fontaine de Guer Hallou en 1908

Le lavoir et la fontaine de Guerhallou vers 1920

Dans les récits retrouvés au 19° siècle, certains auteurs indiquent que la ville de Callac n'avait qu'une seule source digne de ce nom, la fontaine de Guerhallou. Mais nos recherches ont permis d'en ajouter plusieurs autres qui sont : la fontaine du Pouilledou, sur le chemin menant au moulin de Callac, celle du bas de la rue Jobic et une troisième près de la chapelle saint Barbe, toutes les trois, aujourd'hui disparues. Le seul puits connu se trouvait au sud ouest de la place du Martray, face à l'ancienne maison Bizien. Ce puits fut démoli en 1890 et les pierres de taille transportées dans une propriété qui se trouvait en face du presbytère. Environ dix maisons de la place possédaient un puit dans leur jardin respectif avant 1900.  

 

Le réseau hydrographique.

 

Prenant sa source entre les villages de Kerroux et Rosfao, le ruisseau de Pont-ar Vae passe entre Botmel et le quartier du Costang et se jette dans la rivière de l’Hyière. Cette dernière circule dans la direction du sud-ouest et autrefois se jetait dans un étang appelé étang du Blandelet servant de réservoir au moulin de Callac, puis passait sous le pont « gaulois », petit chef d’œuvre à trois arches situé près du passage à niveau.

 

Les traces du château

 

Le château détruit vers (1619 ) se devine en observant l’éperon rocheux orienté vers l’est et situé entre le

 

Dessin d’origine incertaine présentant le château et la ville vers 1527 ?

 

 

Costang et la rue du château. Les fortifications ou remparts indiqués sur ce dessin et qui entouraient l’ensemble, devaient être de nature moins imposante. A l’ouest, la rue du Cleumeur ou Cleuz Meur, qui en breton signifie « grande clôture ou talus », devait plutôt être des levées de terre et non des remparts comme celles représentées sur ce dessin.

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On aperçoit sur cette photo plusieurs ouvriers qui démolissent les anciens remparts du château afin d'élargir la route de Guingamp.(Cliquer pour agrandir) Un vestige des fortifications apparaît sur cette carte postale de 1900, la maison était située sur la place, à l'entrée de la rue de Tréguier, Cet édifice, appelée "échaugette", a été démolie lors de l'édification de l'hôtel du Centre.(Cliquer pour agrandir)

 


 









L’alignement du carrefour de Callac en 1852.



 

Voici qu’elle était l’état du grand carrefour de Callac à cette époque :

Le plan est orienté au sud et nous avons la rue Portes qui descend de la place et rejoint la route départementale N° 9 qui mène de Guingamp à Carhaix. Sur la gauche, la rue du Château qui passe sous les remparts et retourne sur la Place du Martray entourant ainsi le château. Notez qu’il s’agit bien de la rue « Portes » qui montait jusqu’à la Place et qui était à cet emplacement les deux portes fortifiées du château de Callac. A droite, sur la longueur de la rue qui portera successivement après élargissement, le nom de la Fontaine, puis la Mairie, puis l’Ancienne Poste, les travaux demandés par M. Pierre Laurent Guiot  consistent à diminuer la surface du jardin de sa propriété N° 11 sur la place. De l’autre côté de la rue, une autre surface plus petite du terrain de Madame de St Prix , habitant Morlaix , sera également aligné.
La propriété jouxtant celle de M. Guiot sur la droite, appartenait à M. Pierre Marie Joret, maire de Callac de l’époque.

Notes.
[1]GUIOT, Pierre Laurent(1778-1861), notaire, fils de Nicolas et Marie Yvonne Bossard
[2]GUITTON, Barbe Émilie(1789-1869),veuve de Charles Tixier Damas de Saint-Prix(1775-1849), conseiller général et maire de Ploujean(29)

 


 

                                                                               Joseph Lohou (nov.2005)  
                                                                                                      (Juillet 2008)
                                                                                                       (novembre 2011)

         

 

Sources

 

AD22- 
Cadastre numérisé –
http://archives.cg22.fr  
Cartes postales- Collection Michel Rivalain
L'aventure du Cadastre (Revue Archéo. de Bordeaux)(1807-1832)

 



[1] Cohue, « halle », nom emprunté au bret. Kok’ku, kok’hui., le lieu où les petites justices se tenaient. Cf. Ac. 1835-78 : la cohue de tel lieu. Le procureur était à la cohue.

[2] Four banal, dont les gens d’une seigneurie étaient tenus de se servir en payant une redevance au seigneur.

[
3] Guer Hallou, Gwerhallou, voici un nom dont la toponymie ne donne aucune correspondance française plausible et je laisse donc aux lecteurs spécialistes de cette science, le soin de m'indiquer une traduction valable.

 

 


© Tous Droits Réservés (Joseph Lohou)