Callac-de-Bretagne

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                              Un litige entre l'école publique et le cabaret de Célestine...







Le 8 octobre 1897, l’inspection académique de Rennes expédie à Monsieur Le Préfet des Côtes-du-Nord, une lettre émanant du directeur de l’école publique des garçons, M. Albert Le Moal[1], dans laquelle il fait connaître qu’un cabaret doit s’ouvrir dans une maison attenante au « Vieux Couvent » et appartenant  à la Fabrique de Callac.
Cette maison est située à côté de l’entrée de l’école des Filles et sa cour de derrière n’est pas séparée de la cour de récréation des élèves.
C’est encore là, sans aucun doute, une manœuvre des ennemis de l’école laïque. La municipalité eût dû, me semble-t-il, pour empêcher l’ouverture de ce cabaret.


Le Veux Couvent, situé sur la route de Perros, était un établissement religieux occupé par les Soeurs de Callac dans les années 1830, il devint, après construction en 1837, l'école communale des filles sous direction congréganiste des Filles du Saint-Esprit. L'école devint publique lors de la laïcisation en 1897.


Lettre de Monsieur Le directeur, Albert Le Moal, à Monsieur l’Inspecteur Primaire à Guingamp le 5 octobre 1897.

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance, qu’un débit de boissons doit être ouvert aujourd’hui même dans la maison, dite « Le Vieux Couvent », par un nommé Moreau, maréchal-ferrant.


M. François Moreau[2]  est le mari de l’ancienne bonne des religieuses, et cette ancienne bonne, permettez-moi l’expression, Monsieur l’Inspecteur, est l’âme damnée des sœurs. La dite maison, comme vous l’avez vu récemment, a sur le derrière une cour qui n’est en aucune façon séparée de celle de l’école publique de filles. Je crois que le voisinage si proche de ce cabaret me semble contraire aux règlements, causera non seulement de grands ennuis aux institutrices et à leurs élèves, mais pourra surtout servir de vaste thème aux adversaires de l’école laïque de filles pour combattre cette dernière.


J’ai cru de mon devoir, Monsieur l’Inspecteur, de vous prévenir de ce fait et de vous signaler le danger qu’il y aurait à laisser continuer cet état de choses.

Veuillez agréer, Monsieur l’Inspecteur, l’assurance de mes respectueux dévouements.

Le Directeur de l’école de Callac : Albert Le Moal.

Élèves inscrits.
École de garçons : 103
École de filles       : 52
Garçons congréganistes : de 50 à 60
Filles congréganistes      : de 70 à 80


Sur ceplan de 1885, nous pouvons apercevoir le long de la route de Perros le "Vieux Couvent", puis l'atelier de François Moreau et l'école maternelle nouvellement construite n 1884. La gendarmerie(1835) se trouve en face de  l'autre côté de la rue et elle sera dépacée dans cette même rue au début du 20ème siècle.


Notes.

[1] M. Albert Le Moal, originaire de Plouëc-sur-Trieux, directeur de l'école des garçons de Callac depuis 1884, très engagé contre les écoles congréganistes en place depuis les années 1830 et proche des "républicains" du conseil municipal. Son épouse, Mme Le Moal devint directrice de l'école communale des filles en 1897 à la laïcisation des écoles publiques.

[2] M. François Moreau, maréchal-ferrant établi rue de Perros, se marie en 1895 avec Célestine Mouric qui travaillait auparavant au "Vieux Couvent" et vient d'ouvrir un estaminet dans la maison de son mari. Ils auront deux fils, Joseph en 1896 et François en 1904. Ce dernier se mariant en 1924 au Mans et décédant à Londres(UK) le 8 février 1953.









     


Joseph Lohou(novembre 2011)














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