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Callac-de-Bretagne |
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Flèche de Bulat
On peut faut
noter, rétrospectivement, que dans une telle démarche, il a été détruit
des bâtiments remarquables pour construire, au rabais, des édifices qui
vieillissent mal et sans style particulier . Il eût été préférable de
conserver ces anciens édifices, car, comme disait Georges Duhamel «
Conserver, c'est encore créer ».
Sans oublier que
la politique épiscopale allait également dans le sens de nouvelles
constructions, surtout après 1840. Cette politique préconisait
l'abandon de beaucoup de chapelles rurales (points de rencontre entre
la tradition immémoriale et la dévotion populaire) au profit de
l'église paroissiale. Celle-ci, par sa taille et son architecture, doit
être en mesure d'absorber les dévotions locales à l'intérieur d'un
ensemble officiel, mieux contrôlable par une administration de plus en
plus centralisée et soucieuse de canaliser le sentiment populaire.
En un mot,
concentrer tous ces moyens sur une seule église grande, belle, bien
placée et comme le dit le vieil adage « mettre le clocher au centre de
la paroisse ».
Ici à
Bulat-Pestivien, il n'était pas question de refaire l'édifice religieux
qui était devenu église paroissiale depuis le 14 juillet 1804
(auparavant l'église paroissiale était ce qui est devenu la chapelle
Saint-Blaise à Pestivien). La tour qui contient les cloches est coiffée
d'un dôme en mauvais état et il lui fallût une flèche digne de sa
qualité architecturale ; d'autre part, elle faciliterait l'élan du
pèlerin priant Notre-Dame de Bulat.
De même que le
clocher s'impose comme premier symbole identitaire du village. Parce
qu'il offre sa masse protectrice, parce qu'il s'impose aux regards et
structure l'espace, parce qu'il marque le temps depuis des générations,
la communauté s'y sent attachée par un lien indéfectible. C'est un
élément de fierté, il flatte l'amour propre et l'orgueil des habitants.
A telle enseigne que souvent naissent de là : «les querelles de
clochers »!
« La voilà,
telle qu'il nous est donné de la faire connaitre, cette église, l'un de
ces monuments nés de la _foi de l'ancien gentilhomme unie à la religion
du bourgeois et du paysan breton ; édifices que la chrétienté élevait
autrefois ù l'aide de quêtes et d'aumônes, et avec le secours de
quelques ss mestre-ouvriers, pi coteurs de pierres ». .S'aintes
églises, qui ont été un objet d'affection pour les générations qui les
ont bâties et qui excitent maintenant en nous, qui les voyons noircies
par le temps sans en être ébranlées, la plus vive admiration ».
Abbé R-M. Daniel.
Qui était
François-Marie DANIEL Né le 15 août 1814, au Quenquis, en Ploumilliau,
François-Marie Daniel est ordonné prêtre le 25 mai 1839. « caractère
excellent, piété distinguée, capacité très bonne» et d'une santé
robuste. »
· II est nommé vicaire à Ploubezre le 28 mai 1839.
· Vicaire à Perros le 17 juin 1840.
· Nommé le 13 octobre 1845 à Ploumilliau, sa paroisse natale, il est chargé de bâtir le presbytère.
· Recteur de Mantallot de 1854 à 1857, il est nommé le 4 février de cette même année à Plouëc.
L'abbé Le Gueult
qui lui succédera écrivait en 1863: « L'église tombait à peu près en
ruines, il y a quelque vingt ans. Elle a été depuis tant bien que mal
consolidée par trois recteurs successifs. Son beffroi, masse informe,
surmonté d'une charpente recouverte en ardoises, plus hideuse encore
que sa base, ne pouvait contenir qu'une cloche et ne tenait plus debout
quand, il y aura bientôt cinq ans, un homme d'initiative et d'un goût
exquis en architecture, M. l'abbé Daniel, entreprit, sans la moindre
ressource préalable, de faire disparaître ce guet-apens en
permanence... Nouée possède une belle tour en granit de choix,
surmontée d'une flèche gothique, percée à jour, et qui, par le fini du
travail, l'emporte assurément sur celle de la cathédrale de Tréguier.».
·
Il est nommé le 5 mars 1861 à Pestivien-Bulat. Du 25 mai au 30 novembre
1865, il fait ériger la flèche de l'église de Bulat. En 1869, c'est une
flèche de l'église de Bourbriac qui s'élève, avec la collaboration de
l'architecte Alphonse Guépin. En 1875, avec l'architecte Chéquer, ils
bâtissent la flèche de l'église de Maël-Pestivien. De 1867 à 1873, il
dirige la restauration de l'église de Kergrist-Moëllou, les travaux
sont menés par l'entrepreneur rostrenois Chamaillard. Avant de quitter
Bulat l'abbé Daniel embellit son église d'un maitre autel en granit du
pays ainsi que de deux balustrades.
Le 2 décembre 1871, lui est confiée la paroisse de Mûr-de-Bretagne dont
l'église était « dans le délabrement le plus complet ». Architecte,
entrepreneur et ouvrier du nouveau sanctuaire. Il meurt le 11 juin
1875, assez brusquement, avant d'avoir pu achever cette œuvre. Il est
nommé chanoine honoraire.
L'archiviste
diocésain de saint Brieuc de 1972 à 1997, Jacques Raison du Cleuziou
dira de lui : « De la race et d'une génération de bâtisseurs et
d'archéologues avertis. Frère des compagnons qui voulaient faire monter
leur prière jusqu'aux étoiles »
Ainsi
lorsque Mab-Sulon, alias Père Lorinquer (missionnaire diocésain),
écrivait sur l'église de Bulat-Pestivien et la campagne environnante
qu'il aimait traverser, pour s'y rendre en pèlerinage, les hauteurs
avoisinantes où le granit affleure, bourgeonne et s'épanouit comme une
flore pétrifiée.
«Ici, il
s'est passé comme une réplique de la Vision d’Ézéqiel. Toutes ces
roches qui gisaient par les monts à l'appel de générations de
bâtisseurs, se sont jointes... et voilà devant toi cette s'église comme
un corps vivant et qui va au ciel d'un seul trait. »
KAIER AR POHER. N°52 –Mars 2016-Article de Jean Paul ROLLAND.
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