Callac-de-Bretagne

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                                     Vente des Boissons à Callac en mai 1794.

 

.

 

Dénomination des marchandises

Lieu d’arrivée ou produit

Distance de Rostrenen

Prix de 1790 maximé au 1/3

Frais de transport

Prix de gros

Prix du détail

Prix de la pinte(4)

Observations

Vins rouges(3) 1ère qualité

Libourne

165 lieues

440 £ le tonneau

360

840

924

19s.9d.

(1)

 2ème qualité(3)

-id-

-id-

373£6s.8d.

360

769£19s.11d.

840£19s.11d.

18s.4d.

 

3ème qualité(3)

-id-

-id-

293£6s.8d.

360

685£19s.11d.

754£11s.11d.

17s ;

 

Vins Blancs

Libourne

-id-

426£13s.4d.

360

825£19s.11d.

916£10s.11d.

19£4s.

 

-id-

-id-

-id-

326£13s.4d.

360

720£19s.11d.

793£1s.11d.

17£3s.

 

Vins rouges

Blaye

-id-

352

360

747£12s.

822£17s.2d.

18£

 

Vins blancs

-id-

-id-

333£6s.8d.

360

727£19s.11d.

799£7s.11d.

17£4

 

Cidre(2) soustiré

Rostrenen

 

33 £ 6s. 8d.

 

35£

38£10s.

 

 

(1)    – Observations- Les vivres qui seront retirés des autres districts seront vendus d’après le maximun établi dans l’endroit de production. Celui qui voudra vendre sera tenu d’en faire la déclaration à la municipalité qui de concert avec l’agent national du district fixera le prix qu’il sera vendu à la pinte en se conformeront à la loi.

(2)    Le cidre venant de Port-Malo fixé à 57 £ la barrique, frais compris.
Le marchand en détail après lui avoir accordé le bénéfice de la loi le vendra six sols six deniers la pinte (6s. 6d.)

(3)    Vins non maximés sur le tableau de la convention et dont les prix ont été fixés d’après les factures de 1790.

(4)  Pinte, valait environ 0, 93 litre.


A Rostrenen le 3 prairial an second( 27 juin 1794) de la République française, Une et Indivisible. Signé : François Marbaud.

Vu et approuvé par nous, administrateurs du département du District de Rostrenen le 03 prairial An second de la République française, Une et Indivisible, signés : Le Roux, Boulain , président.

 

 

 Sources.
  AD22-série révolutionnaire L -cote 15 L 1 et 2.


   Annexe 1.

                     Voici les réflexions de Joseph La Vallée, ex-militaire et prolixe auteur, sur l'intempérance des bretons lors de son voyage en Bretagne l'année où l'administration du District de Rostrenen mit en service le tableau des différentes boissons permises aux habitants de Callac  :

   "

Le cidre et l’intempérance traditionnelle des bretons...

 

Le cidre est la boisson commune des habitants de ce département, et les arbres fruitiers s'y trouvent avec assez d'abondance. Les vins de Bordeaux de qualité inférieure y sont ceux que l'on y trouve fréquemment, parce que le voisinage de la mer y rend leur arrivage plus facile et moins coûteux. Nous avons déjà remarqué ailleurs que l'ivresse est plus commune dans les cantons où la vigne est étrangère que dans ceux où on la cultive. Ici, nos observations nous ont confirmé dans cette opinion: mais elles se sont portées plus loin; c'est que le caractère moral de l'ivresse reçoit des nuances diverses de la qualité de la liqueur. L'ivresse met en délire la faculté de l'homme, et transforme en cahots toutes les affections que la main de la raison s'était plue à classer, si l'on ose le dire, par rang de taille. Ainsi, dans un homme ivre l'on n'est point étonné de voir la colère et la tendresse se tenir sous le bras, l'indifférence et la sensibilité marcher en compagnie, et la folie et la fureur du raisonnement se disputer le pas. Mais ce groupe de contrariétés, toujours uniforme dans l'homme que le vin égare, ne marche pas cependant sous le même dais. Là, il s'avance follement sous le pavillon de la gaieté bruyante; ailleurs, il semble marcher avec la gravité de la réflexion sous l'étendard de la mélancolie. Ainsi, les vins de Champagne et de Bar font un peuple de fous du grave Hollandais et du Belge pesant; ainsi, les vins de Porto font un assemblage de brutes de l'ouvrier anglais, tandis que le Bourgogne fait un peuple de silphes des maladroits milords; ainsi, le Bordeaux, indigeste et froid, fait un monde d'automates du Breton ouvert et franc. Le philosophe excuse les jouissances que les plaisirs indiquent, mais il gémit des plaisirs qui n'indiquent pas des jouissances, et l'ivresse est de ce nombre. Peut-être ne se présente-t-elle pas ailleurs sous un aspect plus révoltant que dans la ci-devant Bretagne. La déraison, la fureur, la soif du sang, le carnage, découlent ici de la coupe des Ménades[12]; et le Breton, si franc, si loyal, voit son caractère se noyer dans les humides rubis du Bordeaux décevant: et si les victimes manquent à l'égarement de sa raison, c'est sur lui-même que sa rage s'exerce, et l'air gémit souvent des coups effrénés que sa tête en délire assène contre les murailles insensibles.

 

                                                                              Joseph Lohou(décembre 2007)

 

               

  

 

 

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