Callac-de-Bretagne

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BITAILLE Marcel, François, Marie




Né le 13 décembre 1923 à Callac-de-Bretagne (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor), fusillé le 6 mai 1944 à Ploufragan (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor) ; sabotier ; FTP.
Son père Paul Bitaille, marchand de cordes, épousa Marie Gabrielle Le Disez, ménagère. Le couple fréquentait les marchés de la région. Demeurant rue Neuve à Callac-de-Bretagne, Marcel Bitaille exerçait le métier de sabotier.
Callac-de-Bretagne fut une des localités des Côtes-du-Nord où la Résistance fut la plus précoce. Dès le printemps 1941, les autorités eurent à faire face à une activité communiste sensible. Une dizaine de Callacois furent d'ailleurs emprisonnés à Châteaubriant (Loire Inférieure, Loire Atlantique). Beaucoup de jeunes choisirent de se cacher dans les fermes du secteur pour échapper aux STO, certains rejoignant dès l'été 1943 les premières structures organisées de la Résistance. Le 18 mars 1944, une voiture de la sûreté avec quatre inspecteurs fut mitraillée par des résistants. Le 22 mars, un résistant, Joseph Guillerm, fut libéré alors qu'il était transféré par des gendarmes. Enfin dans la nuit du 25 au 26 mars la gendarmerie de Callac-de-Bretagne fut attaquée. Dans un rapport daté du 1er avril 1944, les autorités indiquent que "l'activité terroriste a repris avec un peu plus de vigueur et semble être le fait désormais de bandes parfaitement organisées et puissamment armées et décidées à mettre en coupe réglée le sud-ouest du département. Une opération de grande envergure est donc nécessaire avec au minimum 500 hommes".
Les autorités d'occupation décidèrent de mettre un terme à cette situation. Une rafle fut organisée le 9 avril 1944 à Callac-de-Bretagne par le capitaine Maschke, chef des services de l'Abwehr à Saint-Brieuc et par Rudolph Kiekaffer du SD. Ils dirigèrent les 800 soldats qui furent impliqués dans les opérations avec la participation de la gendarmerie française, de la milice et de groupes autonomistes bretons. La population fut rassemblée aux halles de Callac-de-Bretagne. 120 personnes en situation irrégulière furent transférées à Saint-Brieuc. Une cinquantaine d'entre elles furent maintenues en détention à la maison d'arrêt, par contre une dizaine fut déportée. Ce fut l'opération de répression contre la population et contre la Résistance la plus importante réalisée dans le département par les troupes d'occupation.

Marcel Bitaille fut identifié avec trois autres FTP comme ayant une responsabilité dans les attaques du mois de mars. Après avoir été sauvagement torturé, avec onze autres FTP tous originaires de l'ouest du département, le 5 mai 1944 il fut condamné à la peine de mort par la Cour Martiale du Tribunal de la Feldkommandantur 665 à Saint-Brieuc "comme franc-tireur".

Durant la nuit qui précéda leur exécution, les douze FTP, incarcérés à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc, chantèrent La Marseillaise et L'Internationale et d'autres chants repris par d'autres patriotes également détenus. Durant leur transfert sur le lieu d'exécution des témoins les entendirent chanter de nouveau. Les autorités allemandes exécutèrent Marcel Bitaille avec ses onze camarades Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le Bozec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, Jean Pleiber, François Prigent et Roger Quintric le 6 mai 1944 au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, par groupes de quatre entre 7h10 et 7h31. Dans l'après-midi vers 17h un groupe de sept FTP arrêtés à Plouaret furent fusillés au même endroit. Les dix-neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil. Le décès de Marcel Bitaille fut constaté par un médecin allemand à 7h21, il avait 21 ans.
Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel qui, de passage à Quintin (Côtes- du-Nord ; Côtes d'Armor), au mois d'avril 1944, avait ordonné, devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que soient appliquées les mêmes méthodes qu'en Russie. Le fait qu'elles furent annoncées par la presse régionale par un cultivateur de Ploëuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L'Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord), des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf "sépultures". Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d'origine. Le CDL, prévenu de la présence des onze autres corps, dont celui de Marcel Bitaille, fit le nécessaire pour les rapatrier dans les localités respectives.

Le nom de Marcel Bitaille figure sur le monument des fusillés au camp de manœuvre des Croix aujourd'hui proche du zoopole de Ploufragan, sur le monument des Martyrs à L'Hermitage-Lorge, sur le monument de la Déportation et de la Résistance au lieu-dit La Pie en Paule (Côtes d'Armor) et sur la plaque de la rafle du 9 avril 1944 dans la salle des fêtes de Callac-de-Bretagne.de Vichy mit en évidence l'impact sur la population que les autorités d'occupation escomptaient donné à l'événement. Quelques jours après l'exécution, le 12 mai 1944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription "Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches". Une oriflamme fut aussi accrochée au monument.
Constatant que la population venait déposer des fleurs à l'endroit de la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d'autres manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les transportèrent à l'abri de tout regard dans la forêt de L'Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor).

Après la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d'un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès FTP, tous les trois originaires de Louargat (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor), entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, après une enquête assez longue, aidés
par un cultivateur de Ploëuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L'Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor), des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf "sépultures". Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d'origine. Le CDL, prévenu de la présence des onze autres corps, dont celui de Marcel Bitaille, fit le nécessaire pour les rapatrier dans les localités respectives.
Le nom de Marcel Bitaille figure sur le monument des fusillés au camp de manœuvre des Croix aujourd'hui proche du zoopole de Ploufragan, sur le monument des Martyrs à L'Hermitage-Lorge, sur le monument de la Déportation et de la Résistance au lieudit La Pie en Paule (Côtes d'Armor) et sur la plaque de la rafle du 9 avril 1944 dans la salle des fêtes de Callac-de-Bretagne.

Sources.
Les Cahiers de la Résistance Populaire-Cahier N° 12 de mai 2011.Pages 29 et 30.


Notes de la rédaction.

La famille Bitaille vivait  à Callac dans les  années 20 et 30, en bas de la rue  Traversière, à  l'entrée de la rue Neuve et exerçait  un métier de  marchand ambulant depuis le  19ème  siècle.  Paul, le père de Marcel, était  originaire de  Saint Brieuc où il était né en 1897, rue du Gouët, une rue très animée dans un quartier très dense puisqu'en 1906 le recensement indiquait un nombre de population d'environ 1200 individus. Paul Auguste, le grand-père marieé à Catherine Marie Troallic, également marchand ambulant était originaire de la ville de Tours en Indre et Loire.

Mais revenons à la famille callacoise, le père de Marcel, Paul se maria en  octobre 1920 avec Marie Gabrielle Le Disez, née à Callac en 1901, d'une famille originaire de Niort, dans les Deux-Sèvres. De leur union naquit trois garçons et deux filles, Paul, Marcel et Maurice, Marthe, épouse de Joseph Coail, pâtissier et Joséphine, restée célibataire.







                                                                   Joseph Lohou (septembre 2012)