La
vie quotidienne en l'an mil
Comment nos ancêtres vivaient-ils au milieu du
Moyen-Age?
C'est une question que nous nous sommes souvent posée
et que tente de répondre notre article extrait du
remarquable livre de Marcel Kervran " D'Anaurot à
Quimperlé , 1500 ans d'Histoire" (1)
et qui analyse les éléments contenus dans le cartulaire de
l'abbaye de Sainte Croix de Quimperlé
fondée par Alain
Cainart, comte de Cornouailles en l"an 1029.
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Vue
générale d l'ancienne abbaye vers 1860.
(Document de Mme de la VILLEMARQUÉ.
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" Le cartulaire de
Quimperlé n'apporte que des éléments très fragmentaires,
nous permettant une perception partielle du mode de vie des
paysans de l'époque mais la nature des donations ou des dîmes
dues à l'abbaye , nous éclairent cependant sur la culture
et l'élevage;
L'existence humaine semblait être fort
précaire et la nourriture à peine suffisante pour
satisfaire les besoins nutritionnels les plus élémentaires.
La charte fait
état de famine à Quimperlé en 1085;
Quatre
céréales sont cultivées aux environs de la ville : de
l'avoine, du seigle , du froment et de l'épeautre, ces deux
dernières étant deux blés de qualité différentes: le
froment à longue paille, aux grains nombreux et tendres et
l'épeautre à courte tige donnant un blé dur à faible
rendement. Le
blé étant dénommé brac, guihith ou de son nom latin
" triticum"
lorsqu'il s'agissait du froment; Il s'appelait yell, "spelta
" en latin,
lorsqu'on avait affaire à l'épeautre.
Le
blé noir ou sarrasin, qui est, non pas une graminée, mais
une polygonée, ne faisait pas encore l'objet de culture en
Bretagne où il n'apparaîtra qu'au XVI° siècle.
L'avoine semble
, par contre, être très répandue aux alentours de
Quimperlé, et le seigle plus rare. On en faisait des
bouillies; Avec le blé étaient confectionnés des pains
ronds(torth panis) et des gâteaux sucrés au miel(guastel
mel) auxquels se mêlaient lait et oeufs.
Le miel était très abondant et si courant que
certaines terres étaient estimées selon leur rendement
mellifère. Il était vendu à la mesure, ce récipient
recevant soit le nom de hanafat ou de ciathus d'une
contenance d'un setier(0,476 litre).
La boisson courante était une sorte de bière faite
à base d'épeautre. Il n'est nullement fait mention
d'hydromel. Le vin, de consommation moins fréquente, était
en général importé, le cartulaire faisant cependant
mention de vignes à Pont-Scorff et de vin de cette paroisse
vendu à Quimperlé.
Les
soins de l'élevage étaient apportés aux porcs, aux
moutons et aux poulets pour la consommation courante et aux
chevaux et aux bœufs pour l'attelage des charrues et des
charrois.
Les oeufs tenaient également une grande place dans
l'alimentation de base.
Il
est curieux de constater que le cartulaire est muet sur les
ressources piscicoles de nos rivières et de la mer pourtant
si proche. On ne trouve aucune trace de poisson frais ou séché dans les actes relatifs aux redevances en nature.
Le cartulaire fait état de la présence des chiens,
mais aucun chat ne montre le bout de sa queue dans les
maisons quimperoises. Cet animal domestique, originaire
d'Asie, commence timidement son apparition dans quelques châteaux
où les seigneurs ayant participé aux Croisades
au Moyen-Orient en ont rapporté quelques rares
exemplaires.
Aucun
document du cartulaire ne parle de l'habillement, des tissus
en usage. Seule une mention concernant les fourrures apparaît
dans une charte. Pas un mot sur l'habitat, mais quelques
phrases nous permettent de savoir que les fermes en location
n'étaient pas placées sous le régime du métayage, mais
de la quevaise ou keurod, mode d'affermage désigné par la
suite sous le terme de tenure à domaine congéable, où le
locataire pouvait, à sa résiliation de bail, récupérer
en bonne monnaie toutes les dépenses effectuées sur les
immeubles qu'il avait construits ou aménagés de façon
durable, les plantations d'arbres, la construction de talus,
bref, toutes les plus-values de son fait. Le paysan quimpérois
était un homme libre, le servage étant déjà supprimé en
Bretagne alors qu'il se maintiendra en France pendant tout
le Moyen-Age, jusqu'en 1315 où un édit royal affranchira
les serfs de leur condition d'esclave à l'entière merci de
leurs seigneurs.
"
Sources
(1)- KERVRAN M. "
D'Anaurot à Quimperlé - 1 500 ans d'Histoire ". pages
42/43
Société
d'Histoire du Pays de Kemperlé ( 1983 )
J. Lohou (déc.2005)